Lui ou Moi – 5
- Alinoë
- 3 juil. 2013
- 3 min de lecture
5.
Qui a-t-il? Pourquoi m’as-tu appelé comme ça? Si tu as fait un choix, c’est gentil mais comme je te l’ai déjà dit, tu n’es pas unique et, vois-tu, je n’ai plus vraiment besoin de tes services…
Tu as quelque chose à me demander? Bien. Je t’écoute… Un moyen pour que tout reste tel quel?! Tu te moques de moi?! Alors, finalement, cette existence te convient?
Enfin, soit dit en passant, tu n’as pas vraiment le choix, tu vois. Avec ou sans toi, le train est déjà en marche et tu ne peux plus rien y faire! Si ce n’est Lui ou moi qui mettons fin à tout cela, la Terre elle-même le fera.
N’as-tu pas encore compris que la planète où Il t’a greffé est entrain de te rejeter? Les tremblements de terre, les raz-de-marée, ce n’est pas à ton Père qu’il faut les imputer!
Cesses donc de geindre! Tu l’as bien mérité! Depuis des décennies, tu t’actives à massacrer tout ce qu’Il a créé sous prétexte de développer ton humanité. Pourquoi voudrais-tu donc qu’Il te préserve de ce que tu as toi-même provoqué?
De toute façon, quelque soit la manière qu’Il utilise pour te parler, quelque soit le message qu’Il veut faire passer, tu ne fait qu’interpréter à ta sauce Ses moindres paroles pour justifier tes actions et trouver un bon prétexte pour, une fois de plus, te déchirer et t’en mettre plein la gueule!
De tout temps, tu as saisi chaque occasion, chaque bonne excuse pour provoquer des conflits à toutes échelles: étendre un état, libérer l’oppressé, la différence de sexe, de couleur, de pensées, de religions et même de baiser ! Et tout ça parce qu’en fonction de ta culture, de l’endroit où tu es né, tu as décidé de nommer différemment, d’expliquer ce qui te dépasse comme tu l’entends… Sous prétexte de prêcher ta façon de penser, tu massacres, pilles, tortures à tours de bras ! Tu régis chaque aspect de ta vie par des lois à la limite de t’imposer une manière de respirer et tu appelles ça la liberté… Esclave de toi-même et de la société que tu as créé. Tu crois vraiment que ton monde occidental – que tu dis civilisé – vaut mieux que ceux que tu nommes « sous-développés » ?
Quoiqu’il en soit, il est trop tard. Le dernier round vient tout juste de commencer. Tu ne vois toujours pas ce qu’il se passe, n’est-ce pas? Je te sens perdu, décontenancé.
Laisse-moi t’expliquer. Tu n’es pas sans savoir que les êtres tels que moi – quelque soit le nom que tu nous as donné – sont asexués. Alors, à ton avis, pourquoi ai-je revêtu un corps de femme si frêle – hormis pour sa beauté – au lieu du corps viril et musclé d’un athlète quelconque?
Tu as saisi, pour enfanter… Dans quelques mois, il sera là, l’être parfait, tellement moins limité que toi, ou moi dans ce corps-là! Je me suis permis de l’emprunter. Il est pas mal, bien qu’un peu étroit. Ceci-dit, je n’avais pas trop le choix. Un être tel que moi, s’il veut fouler la Terre, est obligé de s’incarner. Vois-tu, Il nous a mis quelques barrières pour limiter notre accès à ton joli petit univers. Ceci-dit, avec ta vision limitée, nous ne pourrions pas avoir cette conversation sans ma jolie combinaison… Même en rejoignant l’Éden, tu n’auras jamais la capacité de me percevoir sous ma forme initiale. Ton âme ne le supporterait pas…
Qu’y a-t-il encore? Oui, tout ceci prendra du temps. Et après? Je ne suis pas pressée, j’ai toute l’éternité! Alors, tu sais, un siècle, un an, un mois, c’est du pareil au même pour moi! Tu m’énerves, quand tu t’y mets avec tes questions stupides! Quand comprendras-tu qu’il est déjà trop tard! Tu as bousillé toutes tes chances de te sauver! Ton humanité court droit au désastre, quoique tu fasses!
On n’est pas dans une de tes séries télé ou tu finis toujours par t’en sortir à force de persister! Plus tu te débats, plus tu t’enfonces… Ta fin est inéluctable. Tu n’es plus rien qu’un condamné hurlant comme un possédé du fin fond du couloirs de la mort… Combien en as-tu épargnés, dis-moi, des condamnés suppliant d’être sauvés durant ton passage sur cette Terre? Même celui qui disait être le fils de ton dieu, tu l’as publiquement exécuté… Qui donc voudrait te sauver à présent?
Ne me regarde pas comme ça. S’il ne tenait qu’à moi, nous n’en serions certainement pas là aujourd’hui. Mais je n’ai pas le choix… Comme toi, je suis limitée par Ses règles et Ses lois… Ne t’inquiète pas! Ça ne durera pas…
Alinoë 2013
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