Lui ou Moi – 7
- Alinoë
- 3 juil. 2013
- 4 min de lecture
7.
Décidément, il n’y a pas moyen d’avoir la paix ici-bas ! Peut-être devrais-je dire « ici-haut » quand on sait d’où je viens… Vois-tu cela ! Il semblerait qu’à force de te fréquenter, j’ai fini par développer une forme certaine d’humour. Qui a-t-il ? Tu n’as pas envie de rire à ce que je vois. Serais-tu contrarié ? Énervé, peut-être ? Non ! Je sais ! Désespéré ! Voilà ! C’est exactement le terme que je cherchais : Désespéré !
Quoi ? Tu n’es pas d’accord avec moi ? Alors, pourquoi avoir tenté cette misérable action ? Penses-tu vraiment que tes pentacles, tes traits de craies, tes rituels et tes salamalecs sont à l’origine de ma présence ici ? Tu me fais rire quand tu t’y mets, tu sais ? Tu pensais réellement qu’une vulgaire invocation créée de toutes pièces par ton esprit limité pourrait me forcer à me montrer… Si je suis là, c’est uniquement parce que je le veux bien ! Où as-tu été pêcher l’idée qu’un être aussi limité que toi peut m’imposer sa volonté ? Dans tes romans et tes séries télés, toutes ces belles histoires que tu t’es inventées dans le but de te rassurer ?
Qu’est-ce qui te fait croire que tu peux t’y fier ? Toutes tes sources, aussi vieilles soient-elles, ne sont qu’humaines, ne l’oublie pas ! Tu devrais savoir qu’une information, même écrite, n’est pas forcément parole d’Évangile !
Ha ! Elle me fait rire, celle-là ! Surtout quand on sait combien de versions et de traductions les évangiles de ta Bible ont subits depuis que tu t’es mis en tête de formater ta religion. D’ailleurs, à ce propos, il faudra que tu m’expliques par quel miracle tu es parvenu à te mettre en tête que Jésus, nés à Nazareth, était blanc, barbu, brun et lisse de cheveux ? Oh, ça va ! Ne te vexe pas ! Ce n’est pas le point le plus nébuleux contenu dans le plus grand best seller de toute l’humanité… Et s’il avait été noir, jaune, indien, femme ou polygame le messager de ton dieu, aurais-tu réduit en esclavage tant de vies humaines ?
Je demande ça… C’est juste pour comprendre, tu vois. Je ne te juge pas. J’en serais bien incapable tant ton existence diverge de la mienne en tous points. Enfin, soit. Avec tout cela, il me vient une question. Au fond, en quoi crois-tu vraiment ? Je veux dire, à part à tous tes boniments… Oui, bien sur, il y a tes nombreuses religions, tes croyances, tes mythes et tous ce fatras mais y crois-tu encore vraiment ? Je veux dire, pas pour te rassurer, parce que la mort te fait peur et que tu espères bien qu’il y aura un après quand tu en auras fini avec tout ce merdier. Je te parle de croire vraiment, d’avoir l’intime conviction, quoi qu’il puisse advenir, que ce en quoi tu crois est la stricte et unique vérité.
Je crois que, et c’est là une réelle conviction, quelques soient tes différences – ta couleur de peau, ton lieu de naissance, ton origine, ta culture – tu ne sais plus ce qu’est la foi. Oh, oui ! Tu es très doué pour suivre des ordres insensés, à l’éthique douteuse, te déchirer pour des ressources à exploiter au lieu de t’unir dans l’adversité ! Tu te dis être le plus intelligent de toute la Création alors que tu es incapable de te considérer comme une seule et même espèce ! Et pourquoi ? Qu’est-ce que ça peut bien te faire ce en quoi ton voisin croit ou avec qui il baise ?
Si seulement tu te contentais de cela ! Mais non ! Tu te sens obligé de donner ton avis sur la façon qu’ont les gens de vivre de l’autre côté du globe ; tu détruis, envahis et dépouilles ceux qui, à ton gout, n’ont pas assez évolués ou du moins pas comme tu l’aurais désiré. Qui es-tu donc pour juger ? Rien de plus qu’un amas de chairs et d’os !
Le monde n’est pas à tes pieds, comme tu sembles le croire ! Il se rebelle, se révolte et n’attend que le bon moment pour te mettre à la porte ! Tu souris… Tu n’y crois pas, avoue ! Tu te dis qu’encore une fois, comme pour le bug de l’an deux mille et les Mayas, ta fin du monde n’arrivera pas. Tu penses au plus profond de toi que tu te réveilleras le lendemain matin pour constater que tu t’étais trompé. Pourtant, tu verras ! A force de ne croire en rien, un jour ou l’autre ton destin te rattrapera ! Tu souris de plus belle mais à ta place, je ne me réjouirais pas. As-tu croisé récemment un Maya ? Au fond, ils n’avaient pas tout à fait tord… Leur civilisation n’aura jamais eu l’occasion de déborder de leur précieux calendrier !
Tu penses que pour croire, il te suffit de voir… Tu n’es pourtant pas sans savoir que nul n’est plus aveugle et sourd que celui qui fait l’autruche! Ah, les adolescents ! Tu as beau leur expliquer avec soin comment fonctionnent les choses de la vie, ils pensent toujours que tu n’es qu’un vieux ronchon inculte qui ne comprend rien à leur façon de penser ou de vivre, que leur avis et leurs visions sont bien plus justes et précis que les tiens !
Il faudra pourtant que tu t’y fasses. Chacun a sa réalité, sa vision, ses idées,… Les normes ne sont faites que pour te rassurer, pour te dire qu’au fond, tu n’es pas si mal que ça, qu’il y a pire que toi. Comme tu le dis si bien, l’herbe est toujours plus verte dans le jardin du voisin. Est-ce pourtant une raison pour ne plus arroser le sien ?
Tu voudrais que ta jeunesse s’active et se réveille, qu’elle se responsabilise et pense un peu à demain. Regarde le carnage que tu as fait ! Est-ce là le monde que tu veux léguer à tes gamins ? Pourquoi serait-ce leur rôle de réparer les erreurs de ton passé alors que tu pourrais tout arrêter ! Cesse donc de résister. Tu n’es pas de taille pour lutter ! Quand te rendras-tu compte que tu ne peux plus rien y faire !
Avec ou sans ta foi, les Cavaliers sont déjà là ; la Guerre, la Famine, La Pestilence et puis la Mort ! Il ne te reste pas beaucoup d’options : te terrer dans un coin et attendre que ça passe ou choisir enfin aux côtés de qui tu veux te battre !
Alinoë 2013
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