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Lui ou Moi – 9

  • Photo du rédacteur: Alinoë
    Alinoë
  • 3 juil. 2013
  • 6 min de lecture

9.


Tout va bien, l’ami? Tu n’as pas l’air dans ton assiette ce matin. Habituellement, tu ne me vois même pas, tu passes simplement ton chemin; alors qu’aujourd’hui, non content de me saluer, tu t’essayes même à là générosité en me lançant une pièce ou deux. Avoues qu’il y a de quoi se poser des questions!



Allez, vient! Installe-toi! Il y a un peu de place près de moi. Je te prête volontiers un bout de carton sur mon trottoir. Assied-toi un moment, prend le temps de faire le point. Tu verras, ça fait du bien! Et si tu veux parler, n’hésite pas! Après tout, je n’ai pas vraiment d’autres façon de tuer le temps…



Oh, tu sais, ça fait un moment que je squatte là. J’y étais bien avant que tu ne viennes au monde… D’ailleurs, depuis ce jour, il n’y a pas un matin où je ne t’ai salué quand tu t’élançais dans ta journée et pas un soir ou je ne t’ai oublié à l’heure du coucher. Je veille sur toi à chaque moment de ta vie, que tu me vois ou pas.



Je sais, je n’en ai pas l’air comme ça mais, crois-moi, j’en ai bien la chanson… Qu’y a-t-il? Tu n’as pas saisit un traitre mot de ce que j’ai dit, à ce que je vois… A en croire ton regard, tu me prends certainement pour l’un de ses vieux fous errant hagard dans les rues de tes villes, tes halls de gares.



Ce n’est rien. J’ai l’habitude de ne pas être compris. Mais toi, dis-moi, comment tu vas? N’as-tu pas trop de mal à gérer ta croissance accélérée depuis quelques années? Ne commences-tu pas à te sentir à l’étroit? Sais-tu seulement comment tu feras pour manger demain?



Tu me fascines, tu sais… Tu es loin d’être parfait mais tu recèles en toi tant de merveilles que tu ne vois qu’à peine! Ta constitution, ta capacité à penser et surtout à imaginer. Tu aimes, tu rêves, tu crées, tu vies intensément chaque moment de ton existence sans bien prendre conscience de la portée de tes choix.



Tu es un peu dispersé, quelque peu déboussolé… C’est la fin de l’adolescence, ne cherche pas plus loin! Tu viens tout juste d’avoir ton pic de croissance: bientôt huit milliards d’êtres humains et tant de façons de penser, d’anticiper le lendemain… Tu te débats comme tu peux avec ces membres en constante extension, tu t’emmêles les pinceaux, perd un peu la tête et tâtonne à la recherche d’un nouvel équilibre que tu voudrais parfait.



C’est douloureux, n’est-ce pas, de grandir, de jeter un regard sur son passé et de réaliser – un peu trop tard – les dégâts qu’on a fait? Crois-moi, je sais ce que c’est! J’ai perdu pas mal de mes enfants à cause de mes choix. Pourquoi crois-tu que j’en suis là, assis dans un coin, oublié, mort pour certains… Pour faire le point, comme toi.



J’aimerais pouvoir t’aider, tu sais, mais j’avoue être à court d’idées… J’ai déjà tenté de te guider tellement de fois; je t’ai envoyé des signes, des prophètes, mon esprit et j’ai même essaye de m’incarner à plusieurs reprises pour tout t’expliquer, en vain! Rares sont ceux qui m’ont écoutés et seule une infime partie d’entre eux sont parvenu à saisir un dixième de ce que j’ai voulu dire.



Pour quelle raison me dévisages-tu de cette façon? Je sais que je ne suis pas d’une grande beauté accoutré de la sorte mais tu ne devrais pas t’arrêter à de pareilles futilités! La beauté d’un corps ne détermine en rien la pureté d’une âme, pas plus que l’argent que tu t’es créé dans l’unique but de pouvoir posséder. Mais tous ça, tu le sais déjà, n’est-ce pas? Une fois encore, c’est la mise en pratique qui pêche…



Qui je suis? À ton avis… Non, je ne suis pas Dieu, Yahvé, Hala… ou du moins pas dans son entièreté. Je ne suis qu’une infime partie de cet être complexe, celle qui est le plus souvent entrée en contact avec toi. Je suis ma parole en quelque sorte. Mon être tout entier ne tiendrait pas dans ce si petit corps! Vois-tu, mon omniprésence et mon omniscience m’empêchent de me tenir tout entier là, à coté de toi mais à chaque instant de ta vie, je veille sur toi. Tu ne me crois pas? Ça ne m’étonne pas. Il est bien plus facile de voir et de croire en l’horreur et le mal si enclin à étouffer le bien…



Une preuve? Je vois… Incrédule en plus d’être impudent. Pourquoi devrais-je te prouver quoi que ce soit? Je n’ai pas besoin de toi, je suis très bien sans, comme tu le vois… Il me suffirait d’un claquement de doigts pour t’écraser comme l’insecte que tu es, d’un battement de cils pour faire s’effondrer tes édifices quels qu’ils soient, alors pourquoi j’aurais besoin de toi? Et puis, n’ai-je pas accompli assez de miracle depuis que tu as quitté le jardin que je t’avais créé. Et pour quoi? pour cette existence précaire sur un vulgaire cailloux tournoyant sur lui-même?




Que voudrais-tu que je fasses de plus? Que j’éradique la faim, la maladie, tes guerres, tes catastrophes et puis ta mort? Et puis quoi encore! Tout ça, tu l’avais auprès de moi sans en être satisfait… Je ne suis pas ton larbin! Tu voulais la liberté, la voila! Tu es libre de faire ce qu’il te plait, y comprit scier la branche sur laquelle tu te trouve, au risque de tomber.



Je n’ai jamais demandé ni souhaité que vous vous entre-tuiez en mon nom, quelque soit celui que tu m’a donné. Hala, Dieu, Yahvé… Tu voulais t’émanciper, apprendre par toi-même, grandir, évoluer… Tu es grand maintenant, à toi d’assumer! Hurler mon nom en te faisant sauter n’y changera rien! Tu ferais mieux d’écouter un peu ton cœur d’auteur, ton âme d’artiste et tes cris d’enfants qui se meurent depuis bien trop longtemps, impuissants face à ce que tu nommes “normes” et “raison”. Il est temps de changer, de te remettre en question…



J’ai bien essayé de t’avertir que ce jour arriverait mais, regarde-toi, c’est comme si j’avais parlé à un mur! Tu n’en fais qu’à ta tête quoiqu’il advienne… Alors, qu’attends-tu de moi? que j’empêche la fin de ton monde? Pourquoi? Tu cries “apocalypse” mais tu en as oublié le sens premier… Arrête donc de pleurer! Tu as toutes les cartes en main pour avancer! Tu vois la fin de l’existence telle que tu l’as connais et déjà tu t’imagines que tout est fini. Qui a bien pu te mettre une telle idée en tête?




Quelle question! Moi qui espérait qu’un peu de recule lui serait bénéfique… Comme tu le vois, parfait ne signifie pas infaillible. Il m’arrive de faire des erreurs, tout comme toi. Aussi parfait que je sois, je ne peux contrôler tes actions sans t’ôter le droit de réfléchir et de penser par toi-même. J’ai déjà tenté cette approche et force m’a été de constater qu’il s’agissait là d’une fausse bonne idée.




Enfin, soit. Il n’y a pas de quoi en faire un drame. Comme tu t’en doutes, tout ceci était voué à se finir un jour. C’est le prix à payer pour connaitre la vie, grandir et évoluer. Tout dans la Création à un début, un milieu et une fin. C’est inéluctable, même moi je n’y peux rien! Les choses sont ainsi faites.




Tu as déjà pu constater que les ressources de la Terre ne sont pas infinies, au même titre que l’espace où tu vies. Tu ne pourras pas croitre éternellement, et certainement pas au rythme auquel tu vas! D’ici peux, le voile va se lever et tu obtiendra enfin ce que tu est venu cherché: La Vérité.



Ceci étant dis, tu devrais te sauver. Le travail n’attend pas par chez toi, m’a-t-on dit. Tu devrais ralentir, tu sais, te reposer… Tu as mauvaise mine. Un dernier conseil, si tu me le permets: arrange-toi pour que chaque soir, en allant te coucher, tu puisses jeter un œil à ta journée sans rien avoir à regretter. Dis aux gens ce que tu ressens dès maintenant et, surtout, ne remet rien à un hypothétique lendemain.


A bientôt, l’ami! J’espère sincèrement que nous auront encore d’autres occasions de discuter, juste comme ça, toi et moi…





FIN


Alinoë 2013

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